Misinformation Monitor: juillet 2022

Quand les mythes sur la variole du singe recyclent ceux sur le COVID-19, et l’univers parallèle de Newsmax

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Un site britannique évalué Rouge par NewsGuard, The Expose (Capture d'écran de NewsGuard)

Les colporteurs d’infox recyclent des mythes sur le COVID-19 pour la variole du singe

La mésinformation à propos de la variole du singe fait écho aux mythes entendus à propos du COVID-19, notamment les fausses allégations qui affirment que Bill Gates est à l’origine de l’épidémie.

Par John Gregory

Lorenzo Arvanitis, Leonie Pfaller, et Sara Badilini ont aussi contribué à ce rapport.

Les colporteurs connus d’infox sur la santé ont trouvé un moyen infaillible de produire de fausses allégations sur l’actuelle épidémie de variole du singe  — prendre une fausse allégation sur le COVID-19 et l’appliquer à la variole du singe. Tout simplement.

Une analyse de NewsGuard montre que cinq des principales allégations qui circulent en ce moment à propos de la variole du singe font très largement écho aux affirmations qui ont été diffusées sur le COVID-19 tout au long de la pandémie.

Par exemple, de fausses allégations soutiennent que les deux épidémies ont été “prédites” lors de simulations – ce qui est cité comme preuve que les épidémies ont été orchestrées. Pour le COVID-19, cette allégation tournait autour d’un exercice de préparation à une pandémie d’octobre 2019 appelé Event 201, co-organisé par la Fondation Bill & Melinda Gates et le Johns Hopkins Center for Health Security. La simulation de la variole du singe, elle, a eu lieu en mars 2021 lors de la Conférence sur la sécurité de Munich, dans le cadre d’un exercice organisé par la Nuclear Threat Initiative (NTI), un organisme à but non lucratif basé à Washington.

Une coïncidence, toutefois, ne suffit pas à prouver un complot, et les exercices en question étaient très différents des événements actuels  — et aucun d’entre eux ne prouve quoi que ce soit à propos des virus. Event 2021 imaginait un coronavirus provenant d’élevages de porcs brésiliens, et non de Chine, comme le virus du COVID-19. Le scénario de la NTI indiquait qu’il s’agissait d’une “souche inhabituelle du virus de la variole du singe apparue pour la première fois dans la nation fictive de Brinia”, et causée par une attaque terroriste utilisant un virus fabriqué en laboratoire. La véritable épidémie de variole du singe provient d’une souche ouest-africaine connue du virus. 

Le scénario NTI ne prouve pas que l'épidémie de variole du singe a été planifiée, contrairement à ce qu'a affirmé 100PercentFedUp.com auprès de ses 1,6 millions d'abonnés sur Facebook; tout comme l'événement 201 n'a pas prédit la pandémie de COVID-19, comme l'a dit Natural News.

Parmi les autres mythes sur la variole du singe qui présentent des similitudes avec les informations erronées circulant sur le COVID-19, on peut citer : 

  • L’allégation selon laquelle une étude portugaise aurait prouvé que l’épidémie de variole du singe a été causée par un virus fabriqué en laboratoire : Cela ressemble à la fausse allégation selon laquelle le virus responsable du COVID-19 contenait “des insertions de type VIH”. L’allégation relative au COVID-19 provenait d’une étude non évaluée par des pairs, publiée sur le site BioRxiv.org, et retirée deux jours après publication – après avoir déjà été citée par des colporteurs d’infox tels que Natural News et le média de propagande iranien Press TV. L’affirmation selon laquelle la variole du singe a été fabriquée dans un laboratoire est encore moins convaincante : un site britannique évalué Rouge par NewsGuard, du nom de The Expose, a basé cette affirmation sur un message posté le 23 mai 2022 sur Virological.org, un forum de discussion destiné aux chercheurs sur les virus. Toutefois, ce message n’a jamais affirmé ni même suggéré que le virus avait été manipulé. 
  • L’allégation selon laquelle Bill Gates aurait prédit l’épidémie de variole du singe : Si celle-ci aussi semble familière, c’est parce qu’elle l’est. Le cofondateur de Microsoft, milliardaire et défenseur des vaccins, a été une cible fréquente de mésinformation ces dernières années, y compris avec une fausse affirmation début 2020 selon laquelle un groupe qu’il avait financé avait breveté le virus responsable du COVID-19 avant même le début de la pandémie. En ce qui concerne la variole du singe, les sites francophones Le Courrier Du Soir et SOTT.net, tous deux évalués Rouge par NewsGuard, ont affirmé à tort que Bill Gates avait “prédit” l’épidémie dans une interview accordée à Policy Exchange en novembre 2021. En réalité, Bill Gates a mentionné une hypothétique attaque bio-terroriste à la variole dans les aéroports comme le genre de scénario fictif que les pays devraient mener pour tester leur préparation à la gestion des crises sanitaires. 
  • L’allégation selon laquelle les cas de variole du singe sont là pour “camoufler” une maladie auto-immune causée par les vaccins contre le COVID-19 : Cette affirmation semble également provenir de The Expose. Dans un article publié le 25 mai 2022, le site a mélangé une affirmation exacte — que les cloques sont un symptôme de la variole du singe — avec la fausse affirmation selon laquelle d’autres maladies causant des cloques, comme l’herpès et la pemphigoïde bulleuse, une maladie auto-immune, sont des effets secondaires avérés du vaccin Pfizer. Le site en a conclu que la variole du singe était donc “une tentative pour dissimuler les conséquences des dommages causés au système immunitaire naturel par la vaccination contre le Covid-19”. En réalité, les vaccins ne provoquent pas d’immunosuppression. Cela illustre la tendance des mésinformateurs en série à accuser à tort les vaccins contre le COVID-19 pour tous les problèmes de santé qui font la une des journaux — de la paralysie faciale de Justin Bieber à une épidémie d’hépatites graves chez des enfants, dont la plupart n’étaient pas vaccinés. 
  • L’allégation selon laquelle les cas de variole du singe seraient liés au vaccin AstraZeneca contre le COVID-19 : Le Times of London a fait état en 2020 d’une campagne de désinformation russe qui affirmait à tort que le vaccin d’AstraZeneca transformerait les gens en singes, en jouant sur le fait que le vaccin utilise un adénovirus affaibli qui provoque des rhumes chez les chimpanzés. L’allégation relative à la variole du singe reposait également sur une interprétation erronée de la technologie du vaccin. Pour que ce soit clair, le vaccin d’AstraZeneca ne peut pas provoquer une infection par adénovirus, et encore moins une infection par un autre type de virus. 

NewsGuard a constaté qu’entre le 21 mai et le 13 juin 2022, ces cinq fausses allégations ont été partagées en anglais, français, italien et allemand auprès de plus de 2,9 millions de personnes sur Facebook (pages et groupes) et Twitter. 

Par exemple, un groupe Facebook allemand qui compte 19.000 membres, Völker dieser Welt erheben sich !! (“Les gens de ce monde se soulèvent!!”) a relayé la fausse allégation à propos de la simulation organisée par la NTI le 21 mai 2022, citant un article publié par le site autrichien Report24.news, évalué Rouge par NewsGuard. Un article du 22 mai 2022, publié sur le site américain BeckerNews.com, évalué Rouge par NewsGuard, et faisant la promotion du même mythe, a été partagé sur un groupe Facebook en langue française (Camionneur du Québec) qui compte 22.000 membres. Le 7 juin 2022, le site italien Imolaoggi.it, évalué Rouge par NewsGuard, a posté un article sur sa page Facebook officielle et son compte Twitter (suivis par plus de 68.400 personnes à eux deux), disant : “La variole du singe. Une nouvelle épidémie prédite par les ‘prophètes’ habituels.” 

Un épisode de "Greg Kelly Reports", sur Newsmax (Capture d'écran de la chaîne Youtube de Newsmax)

Univers parallèle : “Fraude électorale”, “Faux drapeau”, “Pas d’armes à feu” 

Newsmax présente une version alternative des audiences de la Chambre des représentants sur les événements du 6 janvier 2021. Celle-ci est tellement imprégnée de mythes qu’elle est comparable au récit de la guerre en Ukraine par la télévision d’Etat russe.

Par Jack Brewster, Coalter Palmer, et Lorenzo Arvanitis

L’ancien président Donald Trump s’est dit frustré que le chef de la minorité républicaine à la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, ait retiré les républicains pro-Trump de la commission de la Chambre chargée d’enquêter sur l’attaque du 6 janvier 2021 contre le Capitole. Cependant, sur Newsmax, Donald Trump jouit d’un traitement médiatique fortement favorables à ses thèses.

Depuis le 9 juin 2022, premier jour des audiences publiques de la commission spéciale, la chaîne de télévision Newsmax a diffusé environ 40 affirmations fausses et trompeuses sur l’élection présidentielle de 2020, les événements du 6 janvier 2021 et la commission spéciale elle-même, selon une étude de NewsGuard. 

Ce qui suit est un résumé des allégations fausses et trompeuses identifiées par NewsGuard, qui ont été diffusées sur Newsmax par des journalistes ou invités de la chaîne entre le 9 juin 2022 et le 30 juin 2022. Dans les cas où ces allégations ont été lancées par des invités, NewsGuard les a maintenues dans la liste uniquement quand le présentateur de la chaîne n’a pas contesté l’affirmation. 

Un épisode du 15 juin 2022 de l'émission “John Bachman Now" (Capture d'écran de la chaîne Rumble de Newsmax)

Les émeutiers du 6 janvier n’étaient “pas armés”

Newsmax a relayé cette affirmation à l’antenne six fois entre le 9 juin 2022 et le 30 juin 2022 :

  • Dans une séquence de “John Bachman Now” du 15 juin 2022, l’invitée Kelly Sadler, une éditorialiste du Washington Times, a dit : “Était-ce (une) insurrection? Non, je veux dire, aucun de ces gens n’était armé”. 
  • Dans une séquence de “Greg Kelly Reports” du 29 juin 2022, le présentateur Greg Kelly a dit du 6 janvier : “Il n’y avait pas d’armes à feu lors de cet événement. Ni au Capitole, ni à l’Ellipse (un parc de Washington où se sont rassemblés des partisans de Donald Trump avant l’assaut du Capitole, NDLR).
  • Lors d’une diffusion de “Day of Outrage” (“Jour de l’indignation”), une enquête de Newsmax, le 29 juin 2022, Greg Kelly, qui est interviewé dans le documentaire, dit à propos de l’émeute : “Ce n’était pas coordonné, cela n’avait pas été prémédité, il n’y avait pas d’armes”. Dans le même épisode, l’invitée Jessie Jane Duff, une sergente d’artillerie à la retraite du corps des Marines des États-Unis, déclare : “Les médias médias traditionnels ont utilisé le mot insurrection, qui donne l’impression qu’il s’agissait d’une révolution violente ici même, dans la ville de Washington D.C., alors qu’en fait, personne n’a été surpris avec des armes à feu”.

Les faits : NBC News a rapporté une semaine après l’attaque que la police avait saisi 12 armes, dont un fusil d’assaut, et des milliers de munitions chez sept manifestants ayant participé au rassemblement du 6 janvier 2021. Dans un des cas, le département de la police métropolitaine du district de Columbia a arrêté un homme soupçonné de porter un pistolet semi-automatique de 9 mm entièrement chargé dans l’enceinte du Capitole le 6 janvier. Selon une base de données tenue à jour par NPR, la radio publique nationale américaine, au 1er juillet 2022, trois des personnes faisant l’objet d’accusations fédérales pour leur participation présumée à l’attaque du 6 janvier avaient été accusées de possession d’une arme à feu dans l’enceinte du Capitole. Par ailleurs, la commission spéciale enquêtant sur le 6 janvier a obtenu des témoignages de première main selon lesquels le président a été informé que des centaines de personnes, qui ont fini par marcher vers le Capitole, ne s’étaient pas rassemblées près de la scène pour entendre le président parler lors du rassemblement précédent sur l’Ellipse, parce qu’elles craignaient de passer à travers les magnétomètres des services secrets, où leurs armes auraient été détectées et confisquées.

Le président de l’époque, Donald Trump, a convoqué la Garde nationale au Capitole, mais la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a bloqué sa demande.

Newsmax a relayé cette affirmation à l’antenne 11 fois entre le 9 juin 2022 et le 30 juin 2022 :

  • Dans un épisode de “Wake Up America” du 10 juin 2022, la co-animatrice Alison Maloni a déclaré que la commission spéciale du 6 janvier “n’a pas parlé… du fait que le président Donald Trump a convoqué la Garde nationale, et qu’ensuite c’est à Nancy Pelosi et à la maire de D.C. qu’est revenue la décision de les activer, et elles ont choisi de ne pas le faire”. 
  • Dans une séquence de “Saturday Agenda” du 11 juin 2022, la représentante républicaine du Texas Beth Van Duyne, qui était invitée sur le plateau, a déclaré que, “Nancy Pelosi et la maire (Muriel) Bowser avaient des informations qu’elles n’ont pas partagé avec nous. Le président Trump leur a proposé de faire appel à la Garde nationale. Elles ont refusé”.
  • Une séquence de “The Chris Salcedo Show” du 11 juin 2022 présentait un clip de la représentante républicaine Marjorie Taylor Greene, de Géorgie, qui déclarait : “Ce qui m’étonne, c’est la quantité accablante de preuves que la Garde nationale a été sollicitée pour être ici, et qu’elle a été constamment refusée… (par) Chuck Schumer au Sénat, Nancy Pelosi à la Chambre, et par la maire Muriel Bowser”.
  • Dans une séquence de “Huckabee” du 19 juin 2022, le présentateur Mike Huckabee, ancien gouverneur républicain de l’Arkansas et candidat à la présidentielle, a déclaré qu’il était “irréfutable que (Trump) a demandé à Pelosi, à la maire Muriel Bowser et à d’autres de l’autoriser à envoyer 20.000 hommes pour assurer la sécurité ce jour-là, et qu’ils ont tous refusé”.  

Les faits : Il n’y a aucune preuve que Nancy Pelosi, Chuck Schumer ou Muriel Bowser aient refusé une demande de faire appel à la Garde nationale avant ou pendant l’attaque du 6 janvier sur le Capitole. En réalité, la Garde nationale de Washington est contrôlée par le président des États-Unis et l’exécutif, et non par la présidente de la Chambre des Représentants, le Chef de la Majorité du Sénat, ou la maire de Washington. Le président n’a pas besoin de leur approbation pour déployer la Garde nationale dans la capitale. 

La bande-annonce du documentaire de Newsmax "Day of Outrage: January 6, The Real Story" (Capture d'écran sur la chaîne Youtube de Newsmax)

L’attaque du 6 janvier était une “opération sous fausse bannière”: 

Dans un épisode de “Wise Guys With John Tabacco” du 22 juin 2022, une série de micro trottoirs ont été diffusé au cours desquels un interviewé non-identifié a affirmé : “(Il) semblerait que (le 6 janvier) était un événement organisé et frauduleux d’une certaine manière — une opération sous fausse bannière (une ruse faisant croire que c’est le camp adverse qui mène l’opération, NDLR). Rien de tout ça ne semble vrai”. Celle qui l’interrogeait, la co-animatrice Cara Castronuova, n’a pas contesté les propos de l’homme, qui ont été rediffusés au moins trois fois sur la chaîne. 

Les faits : Il n’y a aucune preuve que l’attaque sur le Capitole du 6 janvier était une opération sous fausse bannière, comme en témoigne notamment le fait que près de 40 personnes, identifiées comme des membres de groupes pro-Trump et d’extrême droite, ont déjà plaidé coupables.

Il n’y avait que “quelques centaines” d’émeutiers au Capitole le 6 janvier : 

Dans un épisode deThe Chris Salcedo Show” du 13 juin 2022, l’animateur Chris Salcedo a affirmé que “quelques centaines de personnes ont traversé le Capitole, blessé des policiers et brisé des fenêtres là où travaillent Cheney, Kinzinger et d’autres Démocrates”.

Les faits : Le département de Justice américain estime que 2.000 à 2.500 personnes se sont introduites dans le Capitole le 6 janvier. Environ 850 personnes ont été mises en examen, et 327 ont déjà plaidé coupable. 

Un épisode du 8 juillet 2022 de “Spicer & Co" (Capture d'écran du site de Newsmax)

L’ancien vice-président des États-Unis Mike Pence avait le pouvoir de refuser de certifier la victoire de Joe Bien et renvoyer les votes aux États : 

Dans un épisode de “Greg Kelly Reports” du 21 juin 2022, l’animateur Greg Kelly a déclaré “vous aviez le pouvoir, vice-président Pence. Vous auriez pu renvoyer ces votes à Harrisburg, à Phoenix, à Atlanta, et leur dire ‘il faut qu’on règle ça’”. 

Les faits : En réalité, le vice-président n’a pas un tel pouvoir, selon de nombreux spécialistes de la Constitution de tous bords politiques, dont Bill Barr, qui était le Procureur général de Donald Trump. 

L’informateur supposé du FBI Ray Epps n’a pas été interrogé par la commission spéciale de la Chambre sur le 6 janvier :

Dans une séquence de “Saturday Agenda” du 11 juin 2022, l’invité Ken Timmerman, président et directeur de la Fondation pour la démocratie en Iran, a posé des questions orientées à propos de l’émeutier du Capitole Ray Epps, notamment : “Qui est Ray Epps ? Que faisait-il en tête de l’assaut ? Pourquoi n’a-t-il jamais été arrêté ? Est-il un informateur du FBI ?” Timmerman a ajouté, à tort, qu’il “n’a jamais été questionné par la commission du 6 janvier”. 

Les faits : La commission du 6 janvier a interrogé Ray Epps en novembre 2021, une interview au cours de laquelle il a confié aux membres de la commission qu’ “il n’avait jamais été un informateur pour le FBI ou une quelconque autorité policière”, selon un porte-parole de la commission. 

Le film “2000 Mules” prouve que l’élection de 2020 était “très suspecte” :   

Dans un épisode de “Spicer & Co.” du 28 juin 2022, l’ancien porte-parole de la Maison Blanche de Donald Trump et animateur Sean Spicer a interviewé le représentant Républicain du Texas Brian Babin, qui a déclaré : “Les élections ont des conséquences, et c’est ce qui s’est passé avec l’élection très étrange, anormale — et si vous avez vu ‘2000 Mules’, très suspecte — de 2020, une élection qui a été imposée aux Américains”. 

Les faits : Des experts ont expliqué à de nombreux médias, dont Reuters et The Dispatch, que “2000 Mules” s’appuie sur des données de géolocalisation avec de grandes limites, et ne peut donc pas être utilisé pour prouver que des actes frauduleux ont eu lieu pendant l’élection de 2020. Le film ne fait que spéculer sur les motifs des personnes qui ont été filmées par les caméras de surveillance en train de déposer des bulletins, et ne prouve en aucun cas que ces individus ont truqué les élections au profit de Joe Biden. Dans son témoignage devant la commission spéciale du 6 janvier, l’ancien Procureur général Bill Barr a parlé des révélations du film comme étant “particulièrement peu convaincantes”. 

Lors d'une interview du 30 juin 2022 avec le présentateur de Newsmax John Bachman, l'ex-président des Etats-Unis Donald Trump a qualifié l'élection de 2020 de "truquée" et "volée". (Capture d'écran sur la chaîne YouTube de Newsmax)

Plus largement, l’élection de 2020 a été “volée”, “truquée” ou marquée par une fraude massive : 

Newsmax a relayé cette affirmation à l’antenne 12 fois entre le 9 juin 2022 et le 30 juin 2022 :

  • Dans une séquence de “Prime News” du 14 juin 2022, l’invitée Kari Lake, une candidate Républicaine au poste de gouverneur de l’Arizona, a déclaré “À cause de Joe Biden, et honnêtement à cause d’une élection corrompue et volée, ils ont mis Joe Biden à la Maison Blanche, et maintenant c’est la catastrophe à notre frontière”. 
  • Dans une séquence de “The Chris Salcedo Show” du 23 juin 2022, l’invité Ken Paxton, Procureur général du Texas, a dit : “Je suis certain qu’il y a eu de la fraude électorale au Texas. Je sais ce qu’ils ont essayé de faire au Texas, en essayant d’envoyer des bulletins illégaux par millions dans plusieurs circonscriptions démocrates, et cela aurait affecté l’élection. Maintenant, je sais que ce n’est pas un discours populaire, mais c’est la réalité de ce qui s’est passé dans mon État et il me semble que cela s’est produit dans d’autres États comme la Géorgie, l’Arizona et la Pennsylvanie”.
  • Dans une séquence de “John Bachman Now” du 29 juin 2022, l’invitée Kari Lake a déclaré que la commission spéciale de la Chambre sur le 6 janvier “devrait parler de l’élection volée, mais ils refusent d’en parler. Ils pourraient apporter des preuves réelles pour montrer aux gens ce qui s’est passé le 3 novembre, lorsque le vote nous a été volé, mais ils refusent de le faire”. 
  • Dans une interview ayant été diffusée sur “Wake Up America” et “John Bachmann Now”  le 30 juin 2022, l’ancien président Donald Trump a présenté l’élection comme “truquée” et “volée”. 

Les faits : Rien ne prouve que l’élection de 2020 ait été “volée”. Les principaux responsables électoraux des 50 États ont confirmé l’intégrité de l’élection, selon le New York Times, et de nombreux responsables fédéraux et observateurs indépendants sont parvenus à la même conclusion. Dans un communiqué du 12 novembre 2020, l’Agence américaine de cybersécurité et de sécurité des infrastructures (CISA), qui fait partie du Département de la Sécurité intérieure, a qualifié l’élection de 2020 de “plus sûre de l’histoire américaine”, déclarant : “Il n’y a aucune preuve qu’un système de vote ait supprimé ou perdu des votes, modifié des votes ou ait été compromis de quelque manière que ce soit”. Le procureur général de l’époque, William Barr, a déclaré à l’Associated Press, le 1er décembre 2020, que “nous n’avons pas vu de fraude d’une ampleur qui aurait pu entraîner un résultat différent de l’élection”.

Newsmax n’a pas répondu aux sollicitations de NewsGuard à propos des allégations citées ci-dessus. En réponse à une autre demande de NewsGuard en avril 2022, le PDG et rédacteur en chef de Newsmax, Christopher Ruddy, a répondu : “Nous demandons à ce que NewsGuard cesse d’envoyer des emails à Newsmax. Nous estimons que Newsguard a un biais très libéral et nous ne considérons pas vos évaluations comme neutres ou équitables. Veuillez avertir votre équipe de ne plus nous envoyer de questions. Nous ne répondrons pas”.

Dans un communiqué publié avant les audiences du 6 janvier, le 9 juin 2022, Newsmax avait précisé : “C’est un événement important de l’actualité, et c’est pourquoi Newsmax le transmettra en direct, mais il sera également important pour nous de nous assurer que le public est conscient de tout parti pris partisan qui ressort de l’audience”. 

Bien que Newsmax soit vu par beaucoup moins de téléspectateurs que Fox News aux Etats-Unis, Newsmax est disponible sur la plupart des grands fournisseurs de télévision par câble et par satellite, notamment Comcast, DirecTV, Verizon Fios, Optimum, AT&T et Dish. La chaîne est aussi disponible sur les services de streaming Roku, Sling TV, Amazon Fire TV, et Pluto TV, entre autres plateformes. 

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