Bvoltaire.fr

Cher Edward,

Merci pour ce contact, une étape dont se passent généralement ceux qui se contentent de nous diffamer.

Nous allons tenter de vous répondre point par point.

Auparavant, nous vous rappelons que nous exerçons notre activité dans le cadre de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse en France. Nous n’avons donc de comptes à rendre que devant la justice française.

Par ailleurs, quoi que vous en disiez dans la présentation de votre organisme (Au cas où vous vous poseriez la question, nos journalistes expérimentés proviennent d’horizons divers et n’ont aucun intérêt politique à défendre), nous avons des raisons de douter fortement de la neutralité politique des nombreux organismes qui se sont attribués un rôle de contrôle des contenus en-dehors de la justice française. Nous ne prétendons du reste pas nous-mêmes à la neutralité, idée subjective s’il en est, mais à l’exactitude des faits et à la liberté des analyses. Ces deux éléments caractérisent une presse libre, élément essentiel au fonctionnement d’une démocratie digne de ce nom.

Enfin, nos rédacteurs sont dotés pour une partie d’entre eux d’une carte de presse et pour certains d’une longue expérience dans la presse généraliste.

1) Sur chacun de vos neuf critères.

Boulevard Voltaire est un site d’opinion. Comme tous les médias d’opinion, notre vocation consiste à diffuser des informations vraies et vérifiées, appuyées sur des faits incontestables pour en proposer à nos lecteurs une analyse conforme à notre ligne éditoriale.

Par conséquent, travestir les faits ou nous appuyer sur des faits inexacts constituerait pour nous une tromperie de nos lecteurs. Nous ne le souhaitons évidemment pas.

Depuis plusieurs mois, nous affichons ainsi en Une du site le texte suivant : “Boulevard Voltaire s’attache au quotidien à garantir la fiabilité de ses informations. Nos publications s’appuient sur des sources incontestées (rapports officiels, organismes publics, médias nationaux, témoignages directs, interviews, etc.). Elles indiquent ces sources et les mettent en lien dès que c’est possible. Toutes nos publications sont systématiquement relues au moins à deux reprises et publiées après vérification détaillée par des journalistes professionnels encartés. Si, malgré notre vigilance, une erreur nous a échappé, n’hésitez pas à nous la signalerLa rédaction”

Cet engagement écrit et publié n’est pas neutre. Il nous engage et nous guide et nous oblige à corriger le plus vite possible toute erreur humaine.

Enfin, BV publie aussi des articles d’humeur, indiqués comme tels (Satire à vue), dans le style de la presse satirique.

2) Présentation responsable des informations et fausses informations :

a) Sur l’article “Ukraine : ‘Je crains que la grande perdante de l’histoire soit l’Europe’”

Comme vous le notez, il s’agit d’une interview d’une personnalité parfaitement légitime à s’exprimer sur ce dossier complexe et sujet à débats. Hervé Juvin est député européen, spécialiste de ces questions. Ses propos d’expert lui sont clairement attribués, son analyse lui appartient. Boulevard Voltaire a fait un travail responsable en donnant la parole à cette personnalité compétente comme à d’autres qui exposent des points de vue différents (le Général Clermont, par ex.). A aucun moment, Boulevard Voltaire ne s’associe à tout ou partie de la vision du conflit de telle ou telle personnalité interviewée qui peut en effet être soumise à débat ou contredire un autre point de vue. Comment demander à une équipe rédactionnelle de vérifier chaque propos d’un expert ? Quelle rédaction même importante (web, radios et télévisions) vérifie-t-elle chaque mot prononcé par ses experts ou les personnalités interviewées ?

BV est resté très prudent sur ce conflit, nous avons notamment toujours condamné l’agression russe et n’avons jamais pris position sur les points que vous soulevez. Nous ne pouvons être tenus responsables des analyses personnelles d’un interviewé.

b) Sur l’article de janvier 2022 intitulé “Les Russes ne vont pas partir à la conquête de l’Europe” 

Vous omettez de signaler le signataire de cet article, clairement identifié dans la mise en page. Par sa carrière, son grade et ses compétences en matière militaire, le Général Roland Dubois a toute légitimité pour s’exprimer sur ce conflit et sur la Crimée. Là encore, il s’agit bien d’une analyse personnelle et du point de vue argumenté du signataire. La mention de son nom et de son grade interdit toute confusion avec un article d’un journaliste de notre équipe. Si l’un ou l’autre de ses arguments peut donner lieu à débat, la forme de cette prise de position (texte écrit signé) interdit à BV une forme de commentaire. Le Figaro ou Le Monde ne sauraient répondre point par point à tous les signataires des tribunes qu’ils publient dans leurs pages débats et opinions. Il en est de même pour BV, site d’opinion présenté comme tel. Sauf à interdire l’expression de toute opinion. Encore une fois, il ne s’agit pas d’un point de vue de BV, encore moins d’une ligne éditoriale et un autre expert aurait pu faire une analyse inverse dans nos colonnes. Enfin, relever la « nature profondément antidémocratique d’un progressisme autoritaire » en France ne met en cause aucun individu précis mais relève bien là encore, nous semble-t-il, de l’opinion et du débat d’idées. BV apporte chaque jour, dans ses articles, de très nombreux éléments factuels en appui de cette opinion. C’est la vocation de BV et c’est le sens de la liberté d’opinion en vigueur en France et nécessaire à toute démocratie digne de ce nom.

3) Sur la distinction entre informations et opinions

Vous avez remarqué, dites-vous, “que de nombreux articles d’actualité comportaient toujours des opinions et n’étaient pas rangés dans la rubrique ‘Tribunes’ du site ni étiquettés ‘Point de vue’. Par exemple, un article publié en juillet 2022 dans la rubrique ‘Justice’ était intitulé ‘Un rapport du comité des États généraux de la Justice ultra-laxiste : heureux comme un délinquant en France’. L’article déclarait : ‘La violence et la criminalité prospèrent, non pas seulement en raison d’un manque de moyens de la Justice, mais surtout du fait d’une idéologie antipénale et anticarcérale qui continue à s’imposer contre la volonté des Français. Ce qui témoigne de la nature profondément antidémocratique d’un progressisme autoritaire qui privilégie l’idéologie sur la volonté populaire’”.

Notre réponse : Nous rangeons de plus en plus d’articles dans les rubriques Tribunes ou Point de vue, y compris, parfois, lorsqu’elles sont signées de certains de nos collaborateurs réguliers. Mais BV étant un site d’opinion, clairement présenté comme tel (site “conservateur”), cela n’aurait pas de sens d’indiquer Tribune ou Opinion en tête de chaque article. Par ailleurs, nous assumons parfaitement cet article qui s’inscrit tout à fait dans la ligne rédactionnelle de BV et relève de notre liberté éditoriale. Nous ne décelons nulle erreur factuelle dans les propos que vous notez mais simplement l’expression d’une analyse des faits. Ce jugement de notre collaborateur est confirmé et argumenté par de très nombreux autres articles publiés sur notre site.

La France est une démocratie, la vie des idées est indispensable à son fonctionnement. BV n’aurait plus aucune raison d’être s’il se contentait de livrer à ses lecteurs des dépêches de l’AFP. Votre organisme doit donc tenir compte de la nature engagée de BV, présenté comme tel. Dans un média d’opinion (Libération, L’Humanité, Valeurs actuelles…), tous les articles ont vocation, en s’appuyant sur des faits exacts et vérifiés, à analyser les faits, à argumenter une opinion ou une ligne éditoriale engagée. Les propos certes polémiques de notre collaborateur Frédéric Lassez, éminent avocat et juriste, relèvent de la vocation d’un site d’opinion. 

Conclusion :

La famille de la presse d’opinion est l’une des plus anciennes en France, ses origines remontent à Mazarin. Elle a joué un grand rôle dans l’histoire des idées en France, des journaux révolutionnaires au Figaro ou Libération en passant par L’Humanité de Jaurès. Indispensable à la liberté d’expression comme au débat démocratique, elle a vocation à exister en ligne. Cette presse d’opinion, si elle n’est pas infaillible (mais quel grand média ne s’est jamais trompé ?) a vocation à interpréter des faits en fonction d’une grille idéologique. Cela ne la dispense nullement d’être précise et honnête sur les faits comme sur leur interprétation, bien au contraire. BV a fait en ce sens de grands efforts de clarification. Les faits allégués font systématiquement l’objet d’un lien Internet vers une source crédible (grand quotidien, journal régional, rapport parlementaire etc.). Le lecteur peut donc vérifier lui-même l’exactitude des faits allégués et peut accéder à la source. Cet effort, rare sur Internet, mérite d’être apprécié par votre organisme. Par ailleurs, l’invitation à nous signaler toute erreur, en Une du site, est un engagement sur l’exactitude des faits. Elle vaut aussi pour votre organisme qui peut nous signaler ce qu’il considère comme des erreurs : nous rétablirons les faits s’il y a lieu après vérification.

Mais cette précision sur les faits ne doit pas nous faire perdre notre vocation de site d’opinion. Interpréter les faits, leur donner un sens, reste depuis l’origine la noblesse du travail journalistique, que ce travail soit destiné à un média d’opinion ou non. Il nous semble que vos critères ne sont pas adaptés au travail spécifique des médias d’opinion. En portant atteinte à la crédibilité de nos articles, à tort selon nous comme nous l’avons montré, votre organisme entame la marque BV qui est notre seul capital, BV étant une association financée par de petits donateurs.

L’enjeu est donc lourd : il en va de la liberté d’expression et d’opinions en France. Nous vous demandons donc avec gravité de revoir votre jugement sur notre média.

Nous espérons que ces réponses éclaireront votre travail.

Nous restons disponibles pour toute précision sur Boulevard Voltaire. 

Bien cordialement,

Marc Baudriller