Par Madeline Roache, Sophia Tewa, Chine Labbe, Virginia Padovese, Roberta Schmid, Edward O’Reilly, Alex Cadier, Karin König, Marie Richter, McKenzie Sadeghi et Chiara Vercellone.
Dernière mise à jour : 12 mai 2022
Plusieurs mois avant que l’armée russe envahisse l’Ukraine le 24 février 2022, de fausses allégations sur l’Ukraine et ses alliés, promues pour nombre d’entre elles par les outils de désinformation du Kremlin, proliféraient déjà en ligne. Des fausses affirmations sur un génocide ciblant les Ukrainiens russophones, aux assertions selon lesquelles l’idéologie nazie guiderait le pouvoir politique ukrainien, ces mythes étaient utilisés pour justifier l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
Alors que le soutien au gouvernement ukrainien s’est accru, Kyiv a utilisé les réseaux sociaux et les plateformes de messagerie instantanée pour répondre à la machine de désinformation du Kremlin. Toutefois, un flux croissant de mésinformation anti-russe s’est aussi propagé en ligne. Certains sites pro-Ukraine et de nombreux utilisateurs des réseaux sociaux ont ainsi partagé de fausses informations sur la guerre, allant d’images manipulées du mythique Fantôme de Kyiv à des images trompeuses de supposées attaques russes.
Suivi de 201 sites de désinformation sur la Russie et l’Ukraine
- Sites anglophones : 75
- Sites francophones : 42
- Sites en allemand : 21
- Sites en italien : 21
- Autres : 42
A ce jour, l’équipe de NewsGuard a identifié et surveille 201 sites – certains qui ont déjà publié de la propagande et de la désinformation pro-russe par le passé – ayant colporté de fausses allegations sur le conflit Russie-Ukraine. Parmi ces sites figurent des médias d’Etat russes tels que ceux qui ont été visés par des sanctions temporaires de certaines plateformes depuis le début de l’invasion russe. Mais de nombreux sites ne sont pas des outils officiels de propagande de l’Etat russe, et ne sont donc pas sanctionnés par les plateformes. Ils font toutefois aussi la promotion de faux contenus soutenant le gouvernement de Vladimir Poutine. Ces sources incluent des sites anonymes, des fondations et des sites de recherche au financement obscur – dont certains au moins sont liés au gouvernement russe sans que cela soit révélé aux lecteurs.
Les trois sites les plus influents connus pour être financés et opérés par le gouvernement russe sont les médias d’Etat RT, TASS, et Sputnik News. Nous publions ci-dessous nos analyses (Étiquettes Nutritionnelles) de ces trois sources – dans leurs versions anglaises; et françaises quand elles existent.
- RT.com (en anglais)
- Francais.RT.com (en français)
- SputnikNews.com (en anglais)
- Fr.SputnikNews.com (en français)
- TASS.com (en anglais)
L’équipe de NewsGuard surveille ces sites, et les dizaines d’autres identifiés comme colportant de la désinformation sur le conflit Russie-Ukraine, notamment les principaux mythes et fausses allégations citées dans ce rapport. Comme noté plus haut, dès que des nouveaux mythes et sources de désinformation émergeront, nous mettrons ce rapport à jour pour les y inclure.
La Russie déploie une stratégie multiple pour introduire, amplifier, et diffuser des récits faux et déformés dans le monde entier – en s’appuyant sur un mélange de médias d’Etat officiels, de sites et comptes anonymes, et d’autres méthodes pour distribuer une propagande qui promeut les intérêts du Kremlin et sape ceux de ses ennemis. Les sites financés par le Kremlin utilisent des plateformes numériques comme YouTube, Facebook, Twitter et TikTok pour promouvoir ces récits. NewsGuard suit la piste de ces sources et analyse leurs méthodes depuis 2018, et fournit ses données sur les efforts de propagande russe au Département d’Etat américain, au U.S. Cyber Command, et à d’autres gouvernements et groupes travaillant sur des sujets de défense.
En 2020, le centre d’engagement global du département d’Etat américain, citant les données de NewsGuard, a détaillé les principaux composants de ces efforts dans un rapport.
Tandis que la force de frappe de désinformation du Kremlin a permis à la désinformation pro-Russie de rester prédominante, la désinformation anti-Russie ou pro-Ukraine, parfois reprise par les autorités ukrainiennes, a aussi commencé à émerger. Ces récits ont tendance à donner une image triomphante des forces armées ukrainiennes, tout en relayant des allégations anti-Russie sans fondement.
Par exemple, des vidéos du “Fantôme de Kyiv”, un pilote légendaire ukrainien qui aurait abattu six avions militaires russes, ont été diffusées auprès de millions d’utilisateurs sur TikTok et d’autres plateformes. Quelques jours après leur diffusion, on a découvert que les images provenaient en réalité d’un jeu vidéo, et qu’aucun élément ne permettait de corroborer l’existence du “Fantôme de Kyiv”.
Les chercheurs, plateformes, annonceurs, agences gouvernementales et autres institutions qui souhaitent accéder à la liste complète des sites peuvent nous contacter ici : Demander la liste de domaines.